Le Petit Plus, un collecteur de déchets pas comme les autres

L’entreprise adaptée au service du secteur public et des grands comptes

Ils sont une dizaine d’acteurs de l’économie sociale et solidaire à collecter et gérer les déchets multi-flux des entreprises en Ile-de-France. Parmi eux, Le Petit Plus fait partie des pionniers. Créée en 2009, l’entreprise adaptée travaille avec plus de 300 entreprises publiques et privées. Son succès : collecter les déchets de ses clients en vue de leur recyclage, mais aussi les aider à déployer leur campagne de communication et à réaliser pour eux du reporting environnemental.

Mathieu Boullenger. Le Blanc-Mesnil, 2017.

Sur la zone industrielle du Coudray au Blanc-Mesnil (93), l’entreprise Le Petit Plus collecte, gère et regroupe les déchets de ses clients depuis bientôt dix ans. A la tête de cette entreprise adaptée qui emploie sur le site une soixantaine de personnes dont une cinquantaine en situation de handicap, Mathieu Boullenger se souvient de ses premiers pas.

Pendant 13 ans dirigeant d’une entreprise de nettoyage à Saint-Denis, Mathieu Boullenger découvre le monde de l’insertion professionnelle et celui des déchets, lors d’un voyage au Québec. C’est le déclic. Outre-atlantique, il découvre que ces petites entreprises sociales raisonnent en fait comme des grands industriels. En France à l’époque, les entreprises de collecte du secteur social se considèrent seulement comme des prestataires de services, qui trient et revendent leurs déchets à des opérateurs. « Ce n’est pas parce qu’on est une petite entreprise et de surcroît issue du secteur social, qu’on ne peut pas rivaliser avec les principaux opérateurs du déchet. Nous sommes comme eux, des collecteurs et des logisticiens qui préparons et regroupons la matière pour la revendre aux industriels comme les papetiers ou les cartonniers ».

Entre 15 et 20 catégories de déchets collectées

 

Sur son site qui abrite des bureaux administratifs et le centre de préparation et de regroupement des déchets, Le Petit Plus évolue sur 2500 m², divisé en trois lots distincts. Ici, on accueille, trie et met en balles les papiers graphiques et les cartons. Là, on détruit les documents confidentiels dans une machine sécurisée. Un peu plus loin, on regroupe les autres flux de déchets (piles, ampoules, gobelets, DEEE et autres déchets de bureaux) pour les filières REP identifiées ou  bien on stocke les équipements de collecte (bornes, poubelles) mis à disposition des entreprises clientes.

Table de tri

Au total, l’entreprise gère entre 15 et 20 catégories de déchets avec une majorité de papiers et de cartons. « Une fois passées dans nos deux presses à balles, les quelque 200 t/mois de papiers et 50 t/mois de cartons partent directement en camion dans les usines d’Arjowiggins et de DS Smith Packaging, proches de la capitale » explique le dirigeant. Le Petit Plus est un partenaire exclusif de ces deux industriels qui lui rachètent la matière. Pour les autres flux, elle collabore en direct avec les éco-organismes en charge des DEEE, des ampoules ou des piles.

Elle échange également avec d’autres entreprises sociales comme Lemon Aide, filiale d’insertion sociale de Lemon Tri. Dans ce cas précis, celle-ci peut reprendre les bouteilles en plastique, tandis que Le Petit Plus récupère ses gobelets en PS qu’elle adresse à Eco-Collectoor, basé sur la même zone d’activités. Ce concepteur et distributeur de bornes de collecte récupère ces gobelets au quatre coins de la France et les revend ensuite à un plasturgiste. « Cette opération n’est pas en soi rentable pour des raisons logistiques, mais elle permet de gagner des clients, sensibles à la démarche sociale » souligne Mathieu Boullenger.

Conseil et reporting environnemental

 

Si l’entreprise a réussi à tracer son sillon dans un secteur relativement concurrentiel, avec à son actif, un portefeuille de 300 entreprises (soit 2000 sites de collecte), elle le doit à ses compétences de collecte et de gestion de déchets, mais aussi à ses prestations amont et aval incluses dans son contrat. Une démarche peu ordinaire dans la collecte de déchets et pour une entreprise à caractère social. « Notre offre se compose de trois volets, explique Mathieu Boullenger. Nous conseillons l’entreprise dans sa communication interne, les campagnes d’affichages, le design de ses futures bornes de collecte et sa conduite au changement. Une fois ces étapes effectuées, nous démarrons notre prestation de collecte et réalisons pour notre client, un reporting environnemental en fin d’année. Il met en lumière, la nature et le poids des déchets générés par l’entreprise et les économies énergétiques et de ressources, réalisées grâce à notre collecte. L’ensemble de ces prestations contribue à notre valeur ajoutée, en plus de participer à la création d’emplois pour des personnes handicapées ».

Le Petit Plus, comme son nom l’indique, fait encore davantage, puisqu’elle aide certaines entreprises clientes en jouant un rôle pédagogique. Des grandes enseignes partenaires n’hésitent pas à demander conseil sur l’embauche des personnes handicapées. Enfin, pour développer son son expertise tant dans la gestion des déchets que pour promouvoir l’emploi social, Le Petit Plus a choisi de créer il y a deux ans, un réseau de franchises, installées pour l’instant à Blois, Tours et Orléans. « Nous nous chargeons du conseil, de la communication et du reporting tandis que toute la collecte est gérée par des entreprises adaptées, qui deviennent des partenaires locaux » assure Mathieu Boullenger.

De Pôle Emploi au Ritz

 

Avec un chiffre d’affaires annoncé pour 2017 de 3 millions d’euros, l’entreprise a fait beaucoup de chemin depuis sa création et n’a pas hésité à miser sur l’investissement d’équipements dignes de tout industriel qui se respecte : basculeur de bac, convoyeur de tri, presses à balle, zone de destruction sécurisée, chariot élévateur, transpalette.

« Ce n’est pas parce qu’on est une entreprise adaptée, qu’on ne peut pas s’appuyer sur du matériel performant » souligne son fondateur. Aujourd’hui, l’entreprise envisage de remplacer ses deux petites presses à balles par une plus grande. Pour la destruction des documents confidentiels, elle a investi dans une machine sécurisée il y a un an. Cette image d’industriel lui permet de décrocher des contrats à la fois avec des grands comptes, désireux de s’engager dans une démarche d’achat responsable, mais aussi avec les entreprises publiques, qui intègrent de plus en plus de clauses sociales dans leurs nouveaux marchés. Le Petit Plus travaille avec 30 % d’entreprises du secteur public (RATP, Caisse des Dépôts et Consignation, Pôle Emploi…), le reste étant des clients privés, principalement des grands comptes (SNCF, Louis Vuitton, SFR, Sodexo…). Preuve de l’éclectisme et de l’étendue de sa clientèle, Le Petit Plus a remporté en début d’année un marché sur la gestion des déchets chez Eau de Paris, et vient de décrocher un contrat avec le Ritz.

Crédit : CM, Gael Turpo

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