Green Creative s’ouvre au marché international

Plongée dans les ateliers d’assemblage de FLEXIDRY et de R3D3

La jeune entreprise française Green Creative est déjà dotée d’une solide renommée depuis sa création en 2010. Avec sa poubelle connectée R3D3 et son déconditionneur de biodéchets FLEXIDRY, elle a remporté de nombreux prix du design et de l’innovation. Après le développement d’un prototype, l’entreprise vient de commercialiser sa poubelle intelligente. Dans ses ateliers, les machines sont assemblées pièce par pièce, avec deux constantes : précision et communication.

Bruits de métal, crépitements de soudure rythment le travail d’atelier. Des employés s’activent autour de pièces métalliques, classées par formes et posées sur le sol. Tel un mécano géant, le squelette en acier de FLEXIDRY évolue au fur et à mesure qu’on vient lui ajouter une structure, boulonnée ou soudée. Nous sommes ici au coeur de l’atelier d’assemblage de Green Creative. Là où le déconditionneur de biodéchets prend forme. Hormis la partie pneumatique provenant du Japon, les quelque 5000 composants sont fabriqués dans des usines françaises. Acheminés à Sucy-en Brie pour y être soudées ou vissés, les pièces sont à 80 % en acier. Le capot recouvrant la machine est en inox.

Squelette du Flexidry sur la table de préparation

« On a l’impression que c’est simple en apparence, mais tout est pensé pour que chaque élément s’ajuste au millimètre et au bon endroit pour éviter les erreurs. Une compétence en mécanique est nécessaire, mais il n’y a pas de mode d’emploi en papier, juste un travail d’observation et de bon sens sur la machine et des échanges entre les collaborateurs », explique Antonio Manuel, responsable de production. Les informations circulent en permanence et de haut en bas entre l’atelier et le service R&D. C’est ce qui permet une réactivité et des évolutions rapides sur la machine, ajoute-t-il, pour gagner du temps en assemblage ou en maintenance par exemple.

Un peu plus loin dans l’atelier consacré à l’assemblage de R3D3, l’ambiance est plus feutrée et plus électronique. Jusqu’à deux cents poubelles connectées peuvent y être assemblées et stockées. L’entreprise reçoit le châssis nu en acier, assemblé dans l’atelier de FLEXIDRY, puis part en sous traitance peinture. Il revient ensuite pour l’installation du piston interne et de la partie électronique brevetée, avant de finir par des séries de test pour valider son fonctionnement. En dernière étape, la poubelle est recouverte de sa coque en plastique tricolore ou personnalisée, pour la touche habillage et esthétique du produit.

Robotique industrielle au service des déchets

 

Cela fait huit ans que les deux jeunes ingénieurs français issus de l’Ensam, Lucile Noury et Rémi Gomez, ont lancé leur entreprise Green Creative, à Sucy-en-Brie (Val de Marne). Avec l’idée de mettre la robotique industrielle et la haute performance technologique au service de l’environnement. Aujourd’hui, la poubelle connectée R3D3 et le déconditionneur FLEXIDRY de biodéchets ont fait des petits dans les deux ateliers d’assemblage et de soudage consacrés.

Trommel du Flexidry

Les prototypes sont aujourd’hui devenus des machines industrielles qui font leur preuve sur le marché français et européen. Surfant sur le Grenelle de l’environnement, le recyclage des biodéchets, le tri des déchets en entreprise, puis aujourd’hui le paquet européen sur l’économie circulaire, l’entreprise monte progressivement en puissance. Depuis 2016, elle a déjà commercialisé 14 déconditionneurs dont deux en Suisse et un en Pologne. La phase d’industrialisation de R3D3 est plus récente. Lancée comme prototype en 2015, elle est depuis le début d’année, fabriquée en plusieurs spécimens en vue de sa distribution. Elle sera essentiellement servie en location, moyennant 300 euros par mois en contrat de trois ans. Actuellement la poubelle connectée est en période de test dans les bureaux administratifs de Lausanne et à l’école hôtelière de Genève pendant deux mois.

Innovation et marchés ciblés

 

Labellisée Pass French Tech en 2017, Green Creative emploie aujourd’hui 25 collaborateurs dont cinq en ateliers. En 2014, une première levée de fonds a permis de collecter 650 000 euros, avec le soutien de cinq premiers investisseurs et Scientipole Capital, suivie d’une seconde en 2016 à hauteur de 2 millions d’euros auprès d’Alter Equity. Affichant deux millions d’euros de chiffre d’affaires il y a deux ans, l’entreprise table sur le double pour la fin de l’année. Sa recette passe par l’innovation et les marchés ciblés. Le déconditionneur est moteur de croissance pour l’entreprise. Ayant déjà fait l’objet de plusieurs subventions de l’Ademe ou de BpiFrance, FLEXIDRY utilise un procédé doux par écrasement, après une étape de perforation des emballages. Cela réduit la dégradation des emballages puisqu’ils ne sont pas broyés et évite le mélange d’indésirables dans la matière organique. Résultat : moins de 0,5 % d’impuretés dans la matière sèche.

FLEXIDRY prêt à quitter l’atelier

Le déconditionneur FLEXIDRY produit à partir d’invendus emballés ou de produits périmés, une soupe organique de qualité en vue de son compostage ou de sa méthanisation. Il s’adresse aux professionnels du traitement et de la valorisation des biodéchets : méthaniseurs, composteurs, fabricants d’alimentation animale, prestataires de déchets. Coût de l’équipement : entre 215 000 euros pour la version classique à 300 000 euros en fonction des ajouts de matériels périphériques. La poubelle de tri connectée, outre son aspect high-tech qui séduit les entreprises, se veut simple d’utilisation et d’entretien. La machine dispose de trois bacs de tri de 40 litres chacun pour recevoir les petites bouteilles en plastique, les canettes métalliques et les gobelets en plastique et en carton. Sa force de compactage permet de remplacer 10 poubelles classiques. L’interface web offre en plus un reporting détaillé sur le tri et accompagne l’entreprise dans sa démarche RSE. Aujourd’hui, Green Creative réfléchit à des développements futurs autour de la collecte d’autres flux de déchets générés par l’entreprise.

La législation est une opportunité

 

Si la réglementation sur le tri des déchets au bureau et le recyclage des biodéchets pousse à l’émergence de nouveaux prestataires de services, il s’agit pour Green Creative d’une réelle opportunité : « nos poubelles séduisent surtout les grandes entreprises qui recherchent à la fois l’esthétique, le high tech et la simplicité d’utilisation. Nos déconditionneurs attirent davantage sur la qualité de la soupe organique produite » explique Amandine Clémençon, responsable marketing et communication. Lors du dernier salon IFAT à Munich en mai, Green Creative a choisi d’y exposer FLEXIDRY. « Le déconditionneur a remporté un vif succès auprès des visiteurs et engendré 60 contacts qualifiés, ce qui nous conforte dans nos projets de développement hors de France, assure la responsable marketing. Green Creative réalise déjà 30 % de son chiffre d’affaires à l’export avec des distributeurs en Suisse et en Pologne. Grâce à la mise en place de nouveaux partenariats, l’entreprise a pour objectif de développer davantage sa présence à l’international dans les prochaines années. « Nous observons que notre marché s’ouvre peu à peu à l’Europe et au-delà. Les demandes au Danemark, aux Pays-Bas, ou en Allemagne sont importantes. Mais également des besoins s’expriment au Canada, en Australie en Israel ou encore en Afrique avec des projets portés par des entreprises européennes. Nous souhaitons cibler en particulier pour FLEXIDRY des structures susceptibles de produire moins de 10 000 t/an de déchets organiques et dans le cadre de circuits locaux ».

Atelier d’assemblage de R3D3

De son côté, R3D3 a inauguré sa commercialisation officielle en janvier dernier au salon international CES (Consumer Electronics Show) à Las Vegas, avant de faire salon en avril au Workspace à Paris. Ces coups de projecteurs sur le robot tri montrent des signaux forts à la jeune entreprise qui mise sur une évolution constante de ses machines pour aider au geste de tri. Le monde du déchet se connecte de plus en plus ; c’est peut-être par ce biais que les citoyens et les entreprises deviendront plus performants dans la gestion de leurs déchets. Et pour Green Creative, l’occasion à terme de développer de nouveaux robots trieurs et déconditionneurs.

Crédit : CM, Green Creative

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