Les éco-entreprises franciliennes en quête d’interlocuteurs publics

Deux études du Pexe autour de l’économie circulaire et de la transition énergétique

En Ile-de-France, des centaines d’éco-entreprises oeuvrent pour l’économie circulaire et la transition écologique et énergétique. Pourtant, les territoires de la région méconnaissent souvent ces structures, des PME pour la plupart, alors que les besoins sont croissants. Entre 2017 et février de cette année, le PEXE a mené deux enquêtes sur les attentes de ces éco-entreprises et des territoires franciliens. Les premiers résultats mettent en lumière quelques secteurs phares tels que les déchets, la construction durable, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

La première région économique française, l’Ile-de-France, abrite plus de 12 millions d’habitants dont sept en zone très dense. Les ambitions politiques autour de cette future région capitale, entraînée par le Grand Paris Express, impliquent de relever plusieurs défis majeurs d’ordre environnemental. Parmi eux, les enjeux sur la gestion de l’eau, des déchets et de l’énergie pourraient ainsi transformer à la fois le tissu économique de la région, mais aussi le rôle de ses territoires. Depuis quelques années déjà, des centaines d’éco-entreprises ont émergé en Ile-de-France, promouvant la transition écologique et l’économie circulaire. Pour mieux connaître ces entreprises et définir leurs attentes sur ce territoire, le Pexe (réseau des éco-entreprises de France) et l’Ademe Ile-de-France ont réalisé une étude de caractérisation entre juin 2017 et juillet 2018, qui révèle aujourd’hui, ses premières conclusions. L’enquête se poursuit encore quelques mois pour peaufiner les données. Elle devrait sans doute déboucher sur un panorama plus complet des Cleantech en Ile-de-France au début de l’été.

Efficacité énergétique et déchets

 

Les informations recueillies au cours de l’année passée, permettent déjà d’établir quelques grandes tendances. L’enquête a touché 400 entreprises dont 370 PME, TPE et start-up. A noter que 73 % d’entre elles sont membres d’un cluster, d’un pôle, d’une fédération ou d’un syndicat. C’est à Paris intra-muros, que leur présence est la plus forte avec 38 %. Les Hauts-de-Seine arrivent derrière avec 19 % de ces éco-entreprises. Les autres départements franciliens se partagent à peu près à égalité le reste des effectifs. L’enquête s’est par ailleurs penchée sur les secteurs les plus représentatifs. Quatre domaines sortent du lot à plus de 20 % chacun : efficacité énergétique (28%), déchets et produits usagés (25%), aménagement et construction durable (23 %), énergies renouvelables (22%). L’étude fait également ressortir que certaines thématiques comme l’air, les sites et sols pollués, le bruit ne sont que faiblement représentées, alors qu’elles seraient susceptibles d’intéresser la région – une seconde enquête sur les besoins des territoires révèle que ces sujets sont également relégués parmi les moins urgents.

En interrogeant les éco-entreprises franciliennes, le Pexe souligne un fort dynamisme du côté des emplois. Pour 80 % d’entres elles, l’embauche est prévue ou est effective. Cela représente en moyenne trois emplois supplémentaires par an. Les profils les plus recherchés sont ceux d’ingénieurs, de commerciaux et de développeurs informatiques. En moyenne, 15 % du chiffre d’affaires de ces sociétés sont consacrés à de la R&D. Si une majorité d’entreprises ont moins de dix ans, il ne s’agit pas pour autant d’une filière jeune. Certaines éco-entreprises notamment dans le secteur des déchets sont même centenaires. Toutefois, elles cultivent un certain optimisme pour leur croissance. De plus, 47 % d’entre elles sont actives à l’export. Cela correspond en moyenne à 25 % de leur chiffre d’affaires. « Si la moitié de ces entreprises sont en lien avec la commande publique, confirme Louise Ayné, chargée de mission au Pexe, il s’avère qu’elles rencontrent aussi des difficultés pour gagner des contrats nationaux et en particulier dans le secteur public ».

Trouver le bon interlocuteur

 

Face à ce constat, le Pexe a décidé de mener une seconde enquête entre novembre 2018 et février 2019, cette fois-ci dirigée vers les territoires franciliens, en partenariat avec la Banque des territoires. Objectif : identifier les acteurs publics intéressés par la transition énergétique et d’économie circulaire et connaître leurs besoins. L’enjeu était également de trouver les profils d’interlocuteurs adéquats. Plus de cinquante territoires ont répondu présent (région, départements, intercommunalités, syndicats, bailleurs/aménageurs, établissements publics). Premier constat, si les entreprises ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir le bon interlocuteur, de leur côté, les institutions publiques méconnaissent la présence d’un tel foisonnement d’entreprises dans leur région. Seulement 29 % des personnes interrogées utilisent les bases de données comme l’annuaire du Pexe. Un manque de communication ou l’absence de postes bien définis en charge de ces sujets expliquent en partie cette situation, souligne le Pexe. A cela s’ajoute une forme de frilosité de la part des acteurs publics à entreprendre de telles démarches.

Parmi les principaux enseignements de cette enquête, les quatre thématiques les plus sollicitées sont celles qui sont également les plus représentées parmi les éco-entreprises, à savoir : les déchets, la construction durable, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Arrivent ensuite l’éco-mobilité et l’éco-conception. Les instruments de mise en œuvre des projets sont sollicités par les acteurs publics franciliens à 40 %. Le plan climat air énergie territorial arrive en tête, bien devant le programme local de prévention déchets et les plans d’économie circulaire. En revanche, 42 % des projets réalisés par les territoires sont issus aussi de démarches volontaires. L’enquête révèle par ailleurs que 82 % des territoires répondants ont mis en œuvre ou élaboraient des projets d’économie circulaire, en particulier dans le bâtiment, le recyclage, la lutte contre le gaspillage alimentaire ainsi que des projets sur les ressources énergétiques. Enfin, si la communication entre acteurs publics et entreprises n’est pas toujours optimale, l’enquête du Pexe a montré aussi que le dialogue entre les services achats et les services environnement des institutions publiques était encore le maillon faible.

A savoir :

Annuaire des éco-entreprises en Ile-de-France

Le Pexe organise son 10e  Forum national des éco-entreprises le 4 avril 2019

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Gestion des vieux métaux en Ile-de-France

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