L’Île-de-France collecte plus d’un million de tonnes de déchets métalliques

Une étude de l'Ordif dresse un panorama complet de la filière

La collecte et le traitement des déchets métalliques sont une industrie. En Ile-de-France, un total de 1,4 million de tonnes de déchets métalliques a été collecté en 2015. L’Ordif (observatoire régional des déchets en Ile-de-France) dresse un bilan exhaustif de l’économie de ce secteur. Une donnée indispensable pour élaborer le futur plan régional pour la prévention des déchets.

Après ses travaux sur le recyclage des papiers-cartons, l’Ordif s’est attelé à la filière des déchets métalliques en 2016. Résultat : un rapport publié en novembre 2017, riche de chiffres et de données qualitatives pour mieux comprendre le fonctionnement de cette filière de recyclage en Ile-de-France. En concertation avec Federec, la fédération des entreprises du recyclage, et d’autres organismes comme la Fnade, le Syctom, ou la Driee, l’observatoire a mené son enquête à partir de l’été 2016, auprès d’une quarantaine de personnes récupérateurs, et recycleurs de métaux. Au total, ce sont 87 sites visités parmi les 127 établissements recensés dans la récupération, dont la moitié représente des petits collecteurs. Ces derniers sont incontournables, très utiles et réactifs pour capter les gisements diffus. Le reste des entreprises est composée de PMI et de grands groupes.

126 sites de récupération

 

Cette étude avait comme objectif de comprendre le fonctionnement de l’entreprise, son positionnement, son histoire, son organisation interne, les équipements installés, le bilan sur les flux recyclés. Premier constat : le secteur a subi une profonde restructuration avec la fermeture de 50 sites depuis dix ans. Cela s’est traduit notamment par des fusions d’entreprises. L’Ile-de-France possède 126 établissements de récupération de métaux, soit en moyenne dix à vingt sites par département, excepté en Seine-Saint-Denis qui concentre 35 sites. Sans compter les quelque 140 centres VHU, une fonderie, et trois aciéries appartenant à au groupe Riva.

Les capacités totales de traitement de ces structures s’élèvent à 3 millions de tonnes par an, alors qu’en 2015, seulement, 1,4 million de tonnes de métaux ont été collectées dont 1 million de tonnes de ferrailles, et 233 000 tonnes de non ferreux. Par ailleurs, les VHU représentent 92 000 tonnes, les déchets d’emballages métalliques ménagers 10 500 tonnes. Dans un autre secteur, quelque 234 000 tonnes de métaux ont été produits à partir des mâchefers d’incinération.

Une seule destination pour les ferrailles

 

La collecte en Ile-de-France représente 10 % du gisement national. C’est la première fois que ces données jusqu’à présent difficiles à récupérer, ont pu être compilées, explique Florian Lacombe, chef de projets Déchets d’activités économiques et déchets dangereux. Elles permettent aujourd’hui de dresser un tableau assez fiable de cette activité dans la région. La ferraille reste le gisement dominant et essentiellement revendu au groupe sidérurgique Riva qui possède trois sites en Ile-de-France ou à proximité. C’est le principal enseignement. Il n’existe qu’un seul consommateur local, sidérurgiste dont on sait que cette industrie en Europe va mal, concurrencée par les pays d’Europe de l’Est notamment.

Les non ferreux sont essentiellement revendus hors région et à l’export car la valeur ajoutée est élevée et permet de le faire. Parmi les principaux consommateurs franciliens de non ferreux, ne subsistent que deux grands affineurs d’aluminium : Armabessaire et Regeal Affimet. La fermeture progressive des sites d’affinage entraîne la fuite des flux de métaux non ferreux vers d’autres régions et d’autres pays. Mais faut-il rappeler que lorsqu’une usine métallurgique ferme, c’est tout un pan de savoir-faire qui disparaît à jamais.

En ce qui concerne les non ferreux, un quart seulement est consommé en Ile-de-France et 50 % en Europe (Inox et alliages). Parmi les matières les plus convoitées car à forte valeur ajoutée, figurent les câbles de cuivre (jusqu’à 4000 euros la tonne). Les carcasses de VHU quant à elles sont envoyées dans le Nord ou en Belgique mais 80 % d’entre elles restent dans la région. Les consommateurs sont la sidérurgie (inox et alliages) à 50 %, la fonderie à 20 % et les négociants à 29 %. Ainsi en termes de débouchés, les ferrailles sont à 88 % consommées en région, à 60 % par la sidérurgie, 19 % par la fonderie et 14 % rachetés par des négociants. D’où viennent ces métaux ? Ils représentent au niveau régional, 14,8 % du gisement de DAE (déchets d’activité économique) et proviennent pour moitié de l’industrie (automobile, mécanique, métallurgie) et du BTP. Les principaux foyers de production de déchets métalliques se trouvent dans les Yvelines, la Seine-Saint-Denis et la Seine-et-Marne.

A quoi pourront servir ces données ?

 

« A l’appui des données de l’Insee, on constate qu’en général, tous les produits métalliques mis sur le marché se retrouvent en fin de vie, collectés » ajoute Florian Lacombe. Ce qui permet de garantir la fiabilité des données compilées. Ces informations serviront dans un premier temps à élaborer le futur plan francilien sur les déchets qui impose la prise en compte des déchets d’activité économique. Elles pourraient également aider au développement de stratégies gouvernementales et industrielles. Avec l’ambition de relocaliser la ressource à recycler, de créer des emplois et de maintenir les PME sur le territoire. L’Ordif a déjà ratissé le terrain avec plusieurs études successives sur le sujet. A moyen terme, l’observatoire espère lancer de nouvelles enquêtes sur d’autres matériaux comme le verre et le plastique. Mais en raison des réductions importantes de moyens annoncées par la région pour 2018, l’Ordif comme d’autres structures franciliennes pourraient être contraints de restreindre leurs travaux d’observation.

Crédit : CM

 

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