Les déchets d’isolants en polystyrène sur la voie du recyclage chimique

Le projet PolystyreneLoop en phase pré-industrielle

Le marché du bâtiment en Europe prévoit la dépose de quelque 20 millions de tonnes de matériaux isolants à base de PS au cours des 50 prochaines années. Fin 2018, une unité de recyclage chimique de ces déchets devrait voir le jour aux Pays-Bas. Il est le fruit d’une réflexion qui a démarré fin 2015. Baptisé PolystyreneLoop, ce projet réunit plus de 40 partenaires européens de l’industrie de la plasturgie et du recyclage.

Boucler la boucle dans le recyclage des déchets d’isolation en polystyrène. C’est le projet commun d’entreprises et d’associations européennes regroupées au sein du projet PolystyreneLoop (PSL). Inauguré en novembre 2017 à Amsterdam, ce consortium qui relève de la loi néerlandaise, regroupe des fabricants de panneaux isolants, des fournisseurs de matières premières et d’additifs, des transformateurs et des recycleurs de 12 pays européens. Parmi les membres français, figurent le groupe Suez, Afipeb (l’association de l’isolation en PSE pour le bâtiment) et Saint-Gobain. Par ailleurs, le groupe Total qui a déjà lancé ses travaux sur le recyclage chimique du PS, a choisi de rejoindre les partenaires du projet.

La technique utilisée consiste à recycler le polystyrène via le procédé de dissolution, CreaSolv, développé par la société allemande CreaCycle en partenariat avec l’institut Fraunhofer. Au cours de cette opération, les substances HBCD, retardateurs de flamme bromés contenus dans les matériaux d’isolation, sont alors séparées et récupérées. Dans le procédé envisagé pour le démonstrateur à Terneuzen aux Pays-Bas, le polymère et les HBCD seront dissous pour favoriser une séparation non destructive. Une fois le PS extrait, le retardateur restera avec le solvant, qui sera à son tour évaporé en vue de son réemploi. Les HBCD transformés en dépôt seront alors détruits par incinération dans des unités adaptées. Le procédé aboutit à la production d’un rPS compétitif par rapport au PS vierge, tout en limitant son empreinte environnementale. Les formulations chimiques utilisées ciblent sélectivement le polymère, ce qui réduit les effets toxiques et les coûts de traitement. Le volume de solvant représente par ailleurs moins de 1 % du volume de plastiques traités.

Une unité de 3000 t/an de capacité

 

Après la mise en œuvre du démonstrateur, l’unité sera capable de traiter jusqu’à 3300 t/ an de déchets de PS pour produire environ 3000 t/an de recyclat de haute qualité. Le projet PSL a d’ores et déjà montré sa faisabilité économique : depuis la collecte jusqu’au transport des mousses en PSE vers l’usine de traitement, en passant par le tri, le compactage et le procédé physico-chimique de recyclage. Il représente un investissement global de plus de 9 millions d’euros : 2,1 millions d’euros en fonds propres,  4,5 millions d’euros financés par la banque néerlandaise Rabobank et une aide du programme européen Life de 2,7 millions d’euros. Les partenaires du projet réfléchissent déjà à la possibilité de construire une autre unité en Europe et de développer une dizaine de sites similaires au cours des dix prochaines années.

Maintenant que la technique est au point, reste sa mise en application à l’échelle industrielle. Deux autres défis seront à relever pendant les premières phases de démarrage : l’approvisionnement pérenne de déchets de PS et l’organisation efficace de la logistique. Ces deux conditions doivent être réunies selon le consortium PSL pour que le démonstrateur fonctionne à pleine capacité. Le projet s’attaque à de nouveaux gisements dont les composants bromés ne permettaient pas jusqu’alors de recycler les déchets efficacement et de façon sûre. Le procédé physico-chimique devrait lever cette barrière selon les partenaires de PolystyreneLoop et favoriser le réemploi de matière plastique propre et de grande qualité.

Partagez cet article